La patience, une vertu indispensable pour un impact positif sur la vie des patients

Et si nous parlions de patience dans le domaine des sciences de la vie ?

Par Federico Mambretti, Country President Novartis Belgique & Luxembourg

05 Avril 2024

Non ce n’est pas une faute de frappe : je ne fais pas référence à la patientèle mais bien à la patience. Je pense sincèrement qu’il est essentiel de prendre le temps, de réfléchir, de penser aux conséquences de nos décisions sur le long terme, au-delà des répercussions immédiates.

Le pôle pharmaceutique belge est un moteur essentiel à la croissance économique. Faire les bons choix politiques comme législatifs permettent à ce que cela reste ainsi. Il est toutefois primordial de ne pas confondre la nécéssité d’agir avec le besoin d’obtenir des résultats immédiats justifiant chaque dépense.  

Laissez-moi vous expliquer.

En tant qu’industrie, nous sommes fiers de notre rapidité d’exécution. Nous avons répondu à la dernière crise sanitaire aussi vite que possible, nous veillons à ce que les patients reçoivent les traitements urgents dont ils ont besoin quand ils en ont besoin.

Notre réactivité instinctive est une qualité certaine mais nous fait courir le risque de d’un aveuglement nous empêchant de voir qu’investir dès aujourd’hui dans le système de santé c’est bien plus qu’un coût immédiat, c’est investir pour l’avenir.

Le Premier Ministre Belge Alexander De Croo a clairement exprimé son intention de soutenir cette approche lors de la présidence belge de l’Union européenne :

« Le message clé est qu’en tant qu’Européens, nous ne devrions pas considérer notre système de santé comme un coût. Bien sûr cela représente un certain montant. Une part importante de notre budget même. C’est surtout un élément constitutif de notre prospérité : c’est une vie en bonne santé, un nombre considérable d’emplois et le développement d’un esprit d’entreprise.1»

Changer de point de vue pour investir dans la réussite

Pour comprendre les avantages à long terme de l’investissement en santé, nous devons changer de regard. Et quel meilleur pays que la Belgique, depuis toujours terreau fertile de l’innovation - de la recherche et du développement aux essais cliniques et à la fabrication – peut montrer la voie à suivre pour instaurer ce nouvel état d’esprit ?  

Depuis plus d’un siècle, Novartis contribue activement à l’innovation au cœur de l’écosystème de santé belge. Rien qu’en 2023, nous avons mené près de 100 essais cliniques permettant à plus de 450 patients d’avoir accès au plus tôt à nos traitements.

Les investissements dans l’industrie pharmaceutique belge profitent à l’ensemble de notre société et, chez Novartis, nous tenons à voir la Belgique prospérer. Toutefois, un avenir meilleur n'est possible que si nous travaillons ensemble. Nous devons investir dans les domaines d'innovation qui feront une différence majeure, et à long terme, pour notre système de santé- et l'une des façons d'y parvenir est d'identifier les problèmes de santé les plus urgents auxquels la population belge est actuellement confrontée.  

Investir aujourd’hui pour demain

Comme nous le savons tous, le cancer est la principale cause de décès, non seulement en Belgique mais aussi dans toute l'Europe. Avec plus de 70 000 diagnostics de cancer par an2 à l'échelle nationale, nous devons investir dans les technologies nouvelles et émergentes dès maintenant et ainsi mener une lutte soutenue contre cette maladie.

La thérapie par radioligands (RLT, l'abréviation anglaise pour « Radioligand Therapy ») est une technologie révolutionnaire qui pourrait devenir un pilier dans le traitement du cancer. La Belgique est déjà un leader international dans la fabrication de la médecine nucléaire, avec une gamme complète de formations et de recherches cliniques.

Chez Novartis, nous pensons que la Belgique dispose de l'expertise et des installations nécessaires pour devenir un hub mondial dans le domaine de la RLT, avec le potentiel d’offrir aux patients un accès rapide à des traitements novateurs RLT, tout en donnant un coup de pouce substantiel à notre économie.

Les données comme catalyseur pour sauver des vies

Investir dans l'innovation ne doit pas se limiter aux traitements et aux technologies révolutionnaires. Une approche des soins proactive et fondée sur les données peut également sauver des vies. Les maladies cardiovasculaires, également connues sous l'abréviation anglaise CVD (« Cardiovascular Disease ») sont, avec le cancer, la première cause de mortalité en Belgique. Ces deux pathologies ont un effet très marqué sur nos familles, nos communautés, nos lieux de travail et nos sociétés.

Pour diagnostiquer rapidement, traiter à temps et, surtout, prévenir les maladies cardiovasculaires, le système de santé belge doit exploiter tout le potentiel des données. La gestion de la santé de la population (« Population Health Management »), fondée sur la collecte et l'analyse de données au niveau de la collectivité (stratification des risques), peut constituer une réponse.

L'introduction du concept de gestion de santé de la population pour les maladies chroniques, par le biais d'un projet pilote consacré aux CVD, permettrait une approche proactive de ces pathologies, réduisant ainsi la pression sur notre système de santé. En induisant une vision à long terme axée sur le besoin de la population, cela aurait également un impact positif sur l'efficacité, la prévention, les délais de traitement.

Aux côtés de la RLT, c'est un exemple parfait du changement de perspective nécessaire- des soins réactifs vers des actions proactives et préventives - dont l’industrie pharmaceutique belge a si désespérément besoin.

Surmonter les obstacles pour rester à l'avant-garde

Il ne faut pas oublier que le secteur des sciences de la vie est en constante évolution et rester compétitif demeure un réel défi.

La sphère pharmaceutique belge est menacée par l'augmentation des coûts et des prix de production, qui progressent plus rapidement qu'ailleurs en Europe. De plus en plus, la législation européenne crée des obstacles qui, entre autres, rendent plus attrayants de réaliser les essais cliniques dans des pays non européens, privant ainsi la Belgique de certaines opportunités.

Si l'on ajoute à cela une tendance générale à l'augmentation des investissements pharmaceutiques sur d'autres continents, il devient évident que quelque chose doit changer pour assurer l'avenir de la Belgique en tant que pôle d'innovation compétitif. Si nous changeons de cap et considérons le développement pharmaceutique comme un investissement à long terme pour notre système de santé, la Belgique peut faire une différence tangible en se positionnant comme un pionnier de l'innovation médicale, à l'avant-garde d'un marché pharmaceutique européen en pleine mutation.

Un nouvel état d’esprit : la patience

Les opportunités en matière d'innovation dans le domaine des soins de santé sont de plus en plus nombreuses, ce qui se manifeste par l'allongement de la durée de vie.

L'Homme est présent sur terre depuis environ 2 milliards d'années, mais ce n'est qu'au cours du siècle dernier que notre espérance de vie a presque doublé, passant de 45 à 83 ans en moyenne. Des études statistiques estiment que près de 75 % de cet accroissement est dû au développement de la médecine moderne.3

Les scientifiques prévoient déjà une espérance de vie supérieure à 100 ans pour la génération de mes enfants, ce qui pose un nouveau défi. Si la population vieillit, comment faire en sorte que la qualité de vie reste optimale ?

Nous devons donc investir dans les soins de santé à notre intention, à l'intention de nos familles et de nos communautés.

Lorsque je suis devenu Country President de Novartis BeLux il y a un peu plus de deux ans, je me suis engagé à offrir un plus grand accès aux nouveaux médicaments et aux nouveaux domaines de recherches. Nous sommes à l'aube d'un changement radical sur le plan de l'innovation scientifique. En investissant dans la prévention, nous serons en mesure de détecter les maladies chroniques à un stade peu avancé, peut-être même avant qu'elles ne deviennent incurables.

Pour permettre cela, nous devons changer de stratégie, ce qui demande de la patience. Nous ne récolterons peut-être pas immédiatement les fruits de nos investissements dans les soins de santé, mais un avenir plus sain pour nous tous n'est possible que si nous prenons conscience dès maintenant de la nécessité de l'innovation médicale.

Nous devons tenir compte de l'environnement réglementaire qui permet les investissements dans les domaines d'innovation permettant d’avoir un impact positif et durable sur la santé de notre population. Et pour ce faire, nous devons travailler ensemble à la recherche de la meilleure solution sur le long cours et pour tous. Je suis impatient de voir naître ce nouvel état d'esprit, cette patience au profit des patients !

 


Federico Mambretti

Federico Mambretti est le Country President de Novartis en Belgique et au Luxembourg depuis 2022.

Federico peut capitaliser sur plus de 20 ans d'expérience dans les secteurs de la santé et pharmaceutique. Au cours de sa carrière, il a travaillé dans plus de dix différents pays, tant en Europe qu'en Amérique du Nord, en se concentrant particulièrement sur l'industrie pharmaceutique. 

Il a rejoint Novartis en 2012 en tant que directeur mondial de la stratégie chez Sandoz, qui faisait alors partie de l'entreprise Novartis. En 2021, il a élargi ses responsabilités en tant que directeur général de Novartis Pharma Belux. Un an plus tard, dans son nouveau rôle de Country President, il est l'une des forces motrices de la transformation locale de Novartis.

  1. De Croo appelle à une meilleure coopération européenne autour des médicaments, Consulté le 25 mars 2024, https://www.lespecialiste.be/fr/actualites/de-croo-appelle-a-une-meilleure-cooperation-europeenne-autour-des-medicaments.html
  2. OECD (2023), EU Country Cancer Profile: Belgium 2023, EU Country Cancer Profiles, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/9a976db3-en.
  3. How Medical Technology Advances Extend Life Expectancy, Accessed March 25 2023, https://interplex.com/trends/how-medical-technology-advances-extend-life-expectancy/